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Jean Jardin, alias le nain jaune, est un homme politique français né à Bernay (Eure) en 1904 et mort à Paris en 1976.
Il fit partie du groupe de l'Ordre nouveau dans les Années 1930. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il est directeur de cabinet de Pierre Laval.
Avant-guerre
Issu d’un milieu bourgeois, provincial et catholique connaissant bien
Marcel Proust, de tendance monarchiste, ce jeune et brillant Rastignac « monte » à Paris pour y intégrer Sciences-Po, en plus de la Faculté de lettres et de droit. Il participe au bouillonnement intellectuel des non-conformistes des années 30 au sein du mouvement Ordre Nouveau (sans lien avec celui des années 70) avec, entre autres, l’historien
Robert Aron, le journaliste
Alexandre Marc, le philosophe
Denis de Rougemont, l’écrivain
Daniel-Rops. Jean Jardin commence ainsi à se constituer un réseau de puissantes relations qui lui servira toute sa vie et dont l’activation compartimentée sera sa raison d’être.
En 1937, il rejoint, comme nègre, le cabinet de Raoul Dautry, premier directeur général de la SNCF, récemment créée.
Sous l'Occupation
En janvier 1941, il est chargé de mission au cabinet d’
Yves Bouthillier, ministre des Finances de Vichy et en avril 1942, il est nommé au cabinet de Pierre Laval. Jean Jardin rentre alors dans la période la plus intense de sa vie : maître des fonds secrets, il multiplie son réseau, subventionne discrètement des résistants et très vite, il établit des contacts avec les Français de Londres.
En février 1943, il est nommé directeur de cabinet du chef du gouvernement, Pierre Laval, et fait passer le futur Premier ministre Maurice Couve de Murville en Algérie sous couvert d’une mission à Madrid ; celui-ci deviendra commissaire aux finances du Comité Français de Libération Nationale à Alger. En tant que haut fonctionnaire de Vichy, il reçoit la Gestapo chez lui, tout en y logeant secrètement Robert Aron, poursuivi parce qu’il était juif.
Les ultras de la Collaboration commencent à se méfier de lui et il fait l’objet d’un attentat manqué. Pierre Laval le nomme alors chargé de mission à l’ambassade à Berne, pour prendre contact avec les Américains. Il y reçoit beaucoup de monde venu de France; il en profite également pour favoriser la sortie de Paul Morand de Roumanie où il était ambassadeur du régime de Vichy.
Après-guerre
Jean Jardin reste comme exilé en Suisse pendant quelque temps. L’anticommunisme de la
Guerre froide fait rentrer à Paris beaucoup de vichystes repentis et le remet en selle. La faiblesse de la Quatrième République est extrêmement favorable à ce type d’éminence grise.
Jean Jardin connaissait admirablement le Tout-Paris de la politique et des affaires ; il mettait en relation, proposait ses services, suggérait conseils et avis discrets à tous ceux qui comptaient. Ainsi, pendant 10 ans, entre 1958 et 1968, tous les vendredis matins, il sera reçu au Quai d’Orsay, par Maurice Couve de Murville, ministre des Affaires étrangères du Général de Gaulle. A part cette exception, son rôle sous la Cinquième République n'eut pas la même importance que sous le régime précédent.
Homme de l'ombre par excellence, il en serait peut-être sorti contre son gré, en 1978 quand éclata l'affaire Bousquet.
Pierre Assouline lui a consacré une Biographie sous le titre Une éminence grise. Jean Jardin (1904-1976), Paris, Balland, 1986.
Il est le père de Pascal Jardin, essayiste, romancier et dialoguiste et le grand-père du romancier Alexandre Jardin.
Notes et références